La petite conformiste : roman Ingrid Seyman

Coup de cœur

« Je suis née d’une levrette, les genoux de ma mère calés sur un tapis en peau de vache synthétique. Je n’en suis pas certaine, mais j’ai de fortes présomptions. » Cet incipit, restera dans les annales ! Rarement roman aura débuté sur une phrase pareille assenée par une enfant de 10 ans !

Dès les premiers mots, le ton est donné. Esther, pas encore pré-ado, est dotée d’un esprit vif et d’un humour corrosif. Vous vous en doutez, elle est aussi particulièrement intelligente pour son âge…

Ce premier roman d’Ingrid Seyman au ton absolument truculent est un vrai petit bijou qui vous fera, comme nous, on l’espère, souvent rire aux éclats.

Esther se dit « de droite dans une famille de gauche ». Elle range ses livres méthodiquement dans la bibliothèque de sa chambre en cherchant toujours à optimiser le système de classement, rêve de repas dans le calme et de parents qui ne passent pas leur vie tout nus dans leur petit appartement… Elle évolue entre Babeth, sa mère soixante-huitarde anti-cléricaliste à tendance anarchiste et son père Patrick, juif pied-noir, complètement angoissé et plein de tocs qui passe son temps à faire des listes qu’il se répète en boucle toute la journée… Quant à son petit frère Jérémy, 3 ans de moins qu’elle, il est littéralement hyperactif et passe son temps à se blesser par accident.

On suit la vie haute en couleurs d’Esther de ses 10 ans jusqu’à son adolescence. On découvre ses envies d’intégrer des cours de catéchisme et de se faire baptiser, comment elle décide de devenir amie avec une camarade dont les parents, selon les siens, « votent sûrement Le Pen »… On s’amuse du portait qu’Esther fait de cette famille très bourgeoise dont elle n’hésite pas à pointer les travers toujours avec un incroyable franc-parler.

L’histoire d’Esther, c’est aussi, au fil des années, l’aggravation de l’état mental de son père. Le tout cristallisé sous la forme d’un vase contenant la terre de Souk-Arhas. Un vase vénéré par Patrick auquel personne à la maison n’a le droit de toucher, jusqu’au jour où Jérémy est à l’origine d’une énième catastrophe à laquelle Babeth et Esther trouvent une solution plutôt… créative !

Un bémol à ce roman qui se lit comme on respire un grand bol d’air frais : une fin brutale et inattendue. On se réjouit de la sortie des prochains romans d’Ingrid Seyman qui corrigeront sûrement le tir !