Dormez en Peilz Emmanuelle Robert

Si ce n’est incontestablement pas le polar de la rentrée, Dormez en Peilz n’en demeure pas moins un titre distrayant et, malgré tout, intéressant parmi les nouveautés littéraires romandes. Ce qu’on a préféré ? Le cadre insolite des disparitions : la plongée sous-marine.

On sent que l’autrice, Emmanuelle Robert sait de quoi elle parle et est particulièrement bien documentée sur la question. Qu’il s’agisse d’apnée ou de plongée avec bouteilles, on apprend mille et uns détails intéressants au fil des pages sur cette discipline et son cadre de pratique dans l’histoire qu’il nous est donné de lire : le lac Léman.

Au fil du récit, on suit un nombre pléthorique de protagonistes, trop peut-être. On s’y perd un peu, surtout au début. Le nombre important de personnages plus ou moins secondaires fait que certains d’entre eux nous sont rendus de manière superficielle. Difficile de s’y attacher alors qu’ils auraient le potentiel pour !

On trouve quand même de jolis caractères :

• Fabienne Corboz, surnommée Ab Fab pour Absolutly Fabulous, femme de Bernard Corboz ancien homme d’affaires recherché par Interpol, une cougar comme on en fait plus, sublime blonde platine arrivée sur l’âge qui regrette sa jeunesse perdue et l’attraction qu’elle exerçait sur la gent masculine.

• Lauriana, enfant particulièrement futée et intelligente, fille de la solaire coiffeuse Patricia.

• Soledad, dite Sol, ou « Le Che », commandante à la Police Rivieraz-Chablais et son chat Pétole, particulièrement turbulent.

• Yves, plongeur à la brigade du lac et apprenti apnéiste à ses heure, rêveur et romantique non départi d’humour.

Tout ce beau monde et beaucoup d’autres (on oublie Bernard, Patrick, Max, Aline, Ménélik, l’inspecteur Alexandre Chalabagne, Stéphanie Rosca, Kilian, Henri, Amir…) se croise, travaille ensemble, entretient des liens plus ou moins étroits. Dans Dormez en Peilz on a d’ailleurs parfois l’impression qu’à la police, tout le monde couche avec tout le monde, y compris avec les témoins, ce qui ne va d’ailleurs pas sans poser quelques difficultés dans le cadre de la tenue de l’enquête…

Au fil du récit, toutes ces personnalités plus ou moins hautes en couleur vont se retrouver entraînées dans la résolution d’une série de meurtres qui commence par la disparition de l’avocat Patrick Zwerg, personnage notable et à la mauvaise réputation, notamment auprès des femmes, lors d’une innocente sortie en paddle sur le Léman au large de l’île de Peilz (qu’on prononce « paix » en Suisse romande. On vous laisse apprécier le jeu de mots du titre).

On a adoré, au fil de la résolution de l’enquête, les nombreuses références à La Vierge des glaces de Hans Christian Andersen qui prend la région pour décor, conte qui nous était inconnu jusqu’ici (alors qu’il s’agit ni plus ni moins que de la célèbre « reine des neiges ») et avec lequel le récit d’Emmanuelle Robert dialogue habilement.

Belle surprise également que de retrouver citée en remerciement une navigatrice bien connue en Suisse romande et ailleurs, très impliquée également dans le milieu du handicap : Kiny Parade.

Un roman qui mérite dans tous les cas qu’on s’y immerge, même si, selon nous, il pourrait être un peu plus abouti. On se réjouit de savoir ce que vous vous en aurez pensé !