Une balle dans le bide Gérald Brizon

Coup de cœur

Si une balle dans le bide était un film, ce serait à n’en pas douter un de ceux qu’on regarder le vendredi soir en mâchouillant du popcorn ou devant un plateau-télé.

Un bon petit roman, le premier de Gérald Brizon qui n’a rien à envier à d’autres auteurs de polars.

On y suit Spadj, un gangster de la vieille école, embarqué dans un coup qu’il ne sent vraiment pas… À raison ! Alors que son équipe de malfrats s’apprête à récupérer une cargaison de téléphones dernier cri qui vaut un petit pactole, lui et ses acolytes se font tomber dessus par des excités de la gâchette qui tirent à tout va. Qui sont-ils ? Comment ont-ils eu vent de ce qui se tramait au bord de ce fleuve à la nuit tombée ? Et qui est cette femme à l’accent des pays de l’Est qui semble mener les opérations ? Spadj n’en sait rien. Ce qu’il sait en revanche, c’est qu’il doit sauver sa peau. Et c’est dans cette tentative dictée par l’instinct de survie qu’il prend… une balle dans le bide.

Il va tout tenter pour s’en défaire et gagner une retraite bien méritée. C’est sans compter Pippo, le « parrain » qui ne compte pas le laisser partir au vert avant de remplir une dernière mission d’importance.

On sent que Gérald Brizon connaît bien les codes du genre et s’en amuse à plusieurs reprises. Dans « Une balle dans le bide », on croise des mafieux italiens et russes, un truand irlandais qui ne loupe jamais sa cible (Gomina) et un autre qui n’a pas son pareil pour la conduite sportive (Cervelle), sans compter une femme fatale et « vénéneuse » d’influence qui tire savamment quelques ficelles...

Le verbe est cru, le vocabulaire souvent fleuri, l’humour n’est jamais loin. On passe un bon moment en compagnie de Spadj et de sa clique.

On a aimé l’ancrage genevois, les magouilles au Lignon et aux Pâquis, l’incursion dans la zone industrielle de la Praille, la course-poursuite entre Onex et Athenaz sur des routes bien connues des lecteurs et lectrices du bout du lac Léman.

On a ri à quelques bons mots portés par les personnages, comme la fois où l’un d’eux explique à celui qu’il menace qu’un revolver c’est bon pour jouer à la roulette russe et ça date de Samuel Colt. Qu’autrement, ça s’appelle un pistolet, mais qu’il ne faut pas s’inquiéter, que des auteurs de polars qui vendent des milliers de livres confondent encore les deux !

Un petit regret, une fin peut-être un peu moins à la hauteur que le reste du roman, mais on attend les suivants avec impatience !