La fille verticale Félicia Viti

Félicia Viti livre un premier roman à la plume affûtée. Les mots y sont parfois crus, la violence omniprésente : celle d’une passion et d’un désir destructeurs que la narratrice appelle amour et qui n’en a pas les contours. L., est une Elle qui brouille les sens et les repères de l’autre.

L’autrice nous plonge dans les amours lesbiennes de la narratrice et de cette L. frêle et menue qui immédiatement lui inspire un désir fou, au premier regard, à la première rencontre dans un cinéma. Elle tente de nous dessiner le portrait de cette L. jalouse, possessive, torturée et tortionnaire que la narratrice ne peut s’empêcher de désirer.

Si cette dernière parle d’amour, on saisit bien vite qu’il s’agit de tout autre chose : d’une passion dévorante et destructrice, d’un désir irréfrénable et incontrôlable, violent autant que dévastateur. Les deux femmes se perdent et se retrouvent dans un Paris nocturne ou tout regard féminin porter sur l’autre peut mener L. dans des colères noires, la pousser à faire pleuvoir les mots comme autant de coups, avant qu’ils n’arrivent ne deviennent physiques. Leur relation est intense, toxique. La narratrice n’écoute pas, n’entend pas. Elle cherche à retenir la fille horizontale, celle qui dans son lit, dans ses draps, le temps d’une étreinte est plus apaisée, celle qui, comme Jekyll et Hide, s’oppose à la fille verticale, distante, brutale, insaisissable.

L’amour dans La fille verticale, c’est « la folie pure ». C’est « voler vers quelqu’un qui ne nous aime pas », autrement dit, c’est tout sauf ce dont une relation saine est dépourvue, tout le contraire du lien terrible entre ces deux femmes qui nous tient tout au long de ce roman.

à l’écriture ciselée, d’une poésie parfois brutale, d’un réalisme brut. Félicia Viti fait une entrée en littérature que vous ne devriez pas manquer.