Ilaria Gabriella Zalapì

Coup de cœur
Retenu pour la 1e sélection du Prix Le Monde 2024, le 3e roman de Gabriella Zalapi nous plonge dans l’histoire d’une famille dont le père italien, incapable d’accepter la décision de divorce de sa femme, vient un jour récupérer, Ilaria, sa fille cadette en voiture à la sortie de l’école…
Un roman tout en subtilité qui donne à voir, à travers le regard d’une enfant, l’acte terrible d’un père désespéré, un homme qui refuse de considérer comme un « enlèvement », le fait qu’il soit parti, sans itinéraire et sans plan, un beau jour de 1980, avec Ilaria sur le siège passager de sa vieille voiture. La fillette, elle, dans l’insouciance de l’enfance, croit aux paroles de l’adulte, du papa. Elle pense partir en vacances en Italie, de villes en villes, d’aires d’autoroutes en aires d’autoroutes, du Nord au Sud.
Elle remarque que son père laisse régulièrement des messages à sa mère, par téléphone lors de leurs haltes, jamais au même endroit. Elle voit Fulvio, son père, commencer à trop fumer, à trop boire. Elle se raccroche à son ours en peluche Birillo, offert par son père lors de leur passage par Florence, ne comprend pas pourquoi elle ne peut jamais parler à sa mère…
Gabriella Zapali, en adoptant le point de vue d’Ilaria, trop jeune pour saisir l’ensemble des enjeux de la situation, apporte un regard atypique au traitement du sujet. La fillette, si elle ressent le manque de sa mère, de sa sœur, de ses amies, aime aussi les moments passés avec son père, malgré ses addictions qui prennent de plus en plus de place et le fait qu’il l’entraîne, à court d’argent, dans de menus larcins. Lui, tout à ses errances, se soucie malgré tout de son bien-être, de sa scolarité et de son éducation. Pourtant, page après page, l’enfance s’envole…
On a aimé la plume de l’autrice et le traitement du sujet, tout en finesse. Le roman met particulièrement bien en évidence l’ambivalence du comportement du père et ses aspirations, mais aussi la manière dont tout cela rejaillit sur Ilaria. Enfin, les dernières phrases du roman, en peu de mots, disent tout des répercussions de l’acte paternel sur son enfant.
Résumé
Un jour de mai 1980, Ilaria, huit ans, monte dans la voiture de son père à la sortie de l'école. De petits hôtels en aires d'autoroute, l'errance dans le nord de l'Italie se prolonge. En pensant à sa mère, l'enfant se promet de ne plus pleurer. Elle apprend à conduire et à mentir, découvre Trieste, Bologne, l'internat à Rome, une vie paysanne et solaire en Sicile. Grâce aux jeux, aux tubes chantés à tue-tête dans la voiture, grâce à Claudia, Isabella ou Vito, l'enlèvement ressemble à une enfance presque normale. Mais le père boit trop, il est un "guépard nerveux" dans un nuage de nicotine, pense la petite. S'il la prend par la main, mieux vaut ne pas la retirer ; ni reculer son visage quand il lui pince la joue. Ilaria observe et ressent tout. Dans une langue saisissante, rapide et précise, ce roman relate de l'intérieur l'écroulement d'une petite fille qui doit accomplir seule l'apprentissage de la vie.
- Auteur :
- Zalapì, Gabriella, Auteur du texte
- Éditeur :
- Editions Zoé, 2024
- Langue:
- français.
- Pays:
- France.
- ISBN:
- 9782889074112.