À l'ombre de l'Arole Janie Ansermot

Un premier roman d'une grande douceur où les maux de la vie se pansent au contact de la nature et des rencontres providentielles. Janie Ansermot livre un récit à la plume poétique où les langues comme les mondes se mêlent, dans un petit coin reculé d'Engadine où Andréa, dite André, technicienne du lait, est éleveuse de chèvres.

A 42 ans, elle vit dans une "tiny house" à l'orée du terrain sur lequel son frère et sa belle-soeur exploitent la ferme familiale. Elle préfère la proximité de ses animaux à celle des humains, à l'exception notoire de son jeune neveu fin observateur des oiseaux et des animaux sauvages de la région et de sa belle-soeur au parlé québécois fleuri. Chaque année, elle mène son troupeau à l'alpage et y reste avec lui jusqu'à la désalpe. Pendant plusieurs mois, elle côtoie une nature brute et parfois capricieuse, dans la plus parfaite solitude.

Seulement, un été, son frère accepte d'accueillir Thomas, alias Tom, un acteur célèbre, pour une expérience immersive à l'alpage dans l'idée de s'imprégner de son futur rôle, le tout contre rémunération. Cette cohabitation forcée dans des conditions de confort spartiate entre deux êtres qu'a priori tour oppose, accompagnée de l'irruption inattendue d'un jeune migrant traversant les montagnes au péril de sa vie, va remettre Andréa sur les rails de son existence.

Loin des romans "feel good", l'autrice évite les pièges et les écueils faciles dans lesqiels aurait pu tomber le récit. On est loin de l'histoire "à l'eau de rose" et de la trame cousue de fil blanc. On rit parfois et on s'amuse des frictions entre un Tom extraverti pétri des contradictions de son temps et la bergère qui depuis le drame qui l'a menée là 20 ans plus tôt n'aspire qu'à la solitude et au contact avec la nature.

A l'ombre de l'arole n'est pas une histoire d'amour, c'est celle d'un éveil et de l'acceptation d'un deuil longtemps porté.

À lire sans hésiter!

Céline Witschard